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Résumé:
Wesley Gibson est un type ordinaire, quoique loser. Il a un boulot ennuyeux où sa boss le tyrannise jour après jour et sa petite copine le trompe avec son meilleur ami. Une vie terne et pathétique, jusqu’au jour où il découvre que son père, qui l’a abandonné à la naissance, est le plus grand assassin que la Terre ait porté et qu’il vient d’être abattu. Il a alors le choix : le remplacer ou rester dans son insignifiante petite vie.
Wesley rejoint donc La Fraternité, une confrérie mondiale de super-villains qui dirige le monde depuis qu’elle a éliminé tous les superhéros, et qui a réécrit l’histoire pour cacher son existence. Mais Mr Rictus, l’un des chefs de La Fraternité, a pour ambition de gouverner seul à la vue de tous, par la force et la peur. Wesley va alors devoir défendre son chef et ses alliés, partisans d’une existence cachée, avec l’aide de Fox, l’ex de son défunt père…
Critique :
Publié en 2003 au States et édité en France en 2008 chez Dargaud, Wanted n’est clairement pas à mettre entre toutes les mains !
Au scénario, on retrouve Mark Millar, le futur auteur de Kick-Ass. Même si la construction du récit est très classique (présentation du personnage, initiation, premières péripéties, trame principale, conclusion), on retrouve les thèmes favoris du scénariste : un héros loser, complètement perdu dans son monde, qui se voit obligé de grandir à cause de l’un de ses choix, et qui prend le contrôle de sa propre vie.
Mais qui dit Millar dit surtout ton acerbe, extrême violence et langage ordurier. Et ce Wanted n’échappe pas à la règle. Le monde présenté est un monde sombre dont on nous montre les pires cotés, où les « gentils » ont tous été éliminés et où les méchants règnent en maitre. Les gerbes de sang balaient les cases du comic, les coups de feu fusent à toutes les pages et les personnages passent leur temps à jurer et à se vanner. Sans compter les allusions sexuelles… Une production sans aucune censure, qui va droit au but sans faire de chichis.
Tout en restant sur un ton plutôt sombre et sérieux quoique habité d’un second degré certain, Millar se permet de titiller les grands majors que sont DC et Marvel sous le couvert de la parodie: les personnages habitant Wanted sont tous des versions sous-acide de héros/villains déjà existants, comme Tas-de-Merde, villain composé des excréments des 666 personnes les plus maléfiques ayant existé qui rappelle le Gueule d’Argile ennemi de Batman, ou Gros Con, « superhéro » volant à la force incroyable mais intellectuellement très limité, moquerie à peine voilée envers Superman. On retrouve aussi au détour des cases un villain ressemblant au Vautour, quelques références aux Watchmen, ou une cape rouge, artefact d’un monde oublié, rappelant étrangement celle de Superman. Millar n’hésite pas non plus à abattre le quatrième mur et à faire que Wesley s’adresse directement au lecteur, à la manière d’un Deadpool, l’interrogeant sur sa propre vie de loser et sur le comic-book qu’il tient entre les mains. Un mélange détonnant d’idées et de styles pour un résultat percutant.
Au dessin, c’est J.G Jones qui s’y colle, connu pour son travail sur le Final Crisis de DC. Le style hyper-détaillé et réaliste de l’artiste colle complètement à l’univers déjanté de Wanted, renforçant la violence par des cases très dynamiques. Le travail parodique continue ici aussi, puisque les personnages importants reprennent le visage de célébrités : on reconnaît ainsi Wesley/Eminem, Fox/Halle Berry ou encore Steve Buscemi, le Mr Pink de Reservoir Dogs. Mine de rien, cette idée permet de renforcer l’immersion dans le récit en créant dès le début des points de repère et une certaine familiarité avec les protagonistes.
Les couleurs accentuent elles aussi cette idée de violence et de noirceur: toutes les cases sont colorées de façon extrêmement sombre, peu de lumière ou de scènes de jour, exceptées les flashback parlant des superhéros ou de l’enfance de Wesley.
On ressent en tout cas le plaisir qu’ont pris les deux auteurs à nous pondre ce comic-book irrévérencieux, délire de deux grand enfants qui se sont permis tout ce qui était possible.
Je ne cache plus mon amour pour Mark Millar et je ne suis certainement pas objectif. Mais Wanted est pour moi l’une des meilleures productions indépendantes de ces dix dernières années, un récit punchy et jouissif, vraiment adulte, qui n’hésite pas à multiplier les références et à choquer le lecteur.
Il me le faut ce comics. Merci pour la découverte
Il y a combien de tome ? Parce que la présentation que tu viens d’en faire et les quelques images d’illustrations me donnent clairement envie de lire ce Wanted. Tu dis que c’est vraiment adulte et plutôt trash je comprends donc pourquoi la version blockbuster est assez éloignée de l’esprit initial du comic 🙂 et c’est tant mieux parce que j’ai trouvé le film fade
L’intégrale française regroupe les 6 numéros en un seul tome pour une quinzaine d’euros
Merci alors je vais me le commander 🙂
J’étais impatient de lire ton article, c’est maintenant chose faite 😉
Excellent article qui me donne bien envie de lire le manga en tout cas car j’avoue qu’au vu de ton explication d’article, on ressent bel et bien une grande différence avec la version cinématographique…
Merci de l’explication en tout cas
Ne le traite pas de manga, tu vas me faire pleurer 😉