Cowboys et Envahisseurs

Cowboys et Envahisseurs ( ou plutôt Cowboys & Aliens, la traduction française étant juste… désastreuse), c’est un peu un grand retour en enfance, un souvenir de l’époque où l’on rassemblait toutes ses figurines pour les faire se battre, pour voir Musclor coller une dérouillée à G.I. Joe au terme de combats apocalyptiques qui duraient tout le mercredi après-midi. Et quand on m’a fait miroiter une lutte sans-merci entre des cowboys dépassés et une civilisation venue d’ailleurs, cette nostalgie m’a poussé à aller voir le résultat…

Synopsis via Allociné:

Arizona, 1873. Un homme qui a perdu tout souvenir de son passé se retrouve à Absolution, petite ville austère perdue en plein désert. Le seul indice relatif à son histoire est un mystérieux bracelet qui enserre son poignet. Alors que la ville est sous l’emprise du terrible colonel Dolarhyde, les habitants d’Absolution vont être confrontés à une menace bien plus inquiétante, venue d’ailleurs…

Commençons par le plus évident : le scénario ne casse pas trois pattes à un canard. Est-ce un véritable défaut : je ne pense pas. On sait très bien avant d’entrer dans la salle qu’on ne vient pas voir un film philosophique, et que le scénario se résumera en une ligne. Ici, sorti de la course-poursuite entre les cowboys et les aliens, il n’y a pas grand chose à raconter. Même les motivations des extraterrestres sont très légères, à peine de quoi justifier la rencontre.

L’ambiance, elle, est particulièrement bien travaillée. Là où on aurait pu assister à un véritable fourre-tout, le film se cantonne à présenter un vrai western réussi, reprenant tous les codes du genre, ne distillant le coté SF que par petites touches, hormis pour le scènes finales. Énormément de références donc, avec dans le désordre saloon, prison crasseuse, indiens, bandits, dynamite et ruée vers l’or. Ne manque que la scène de duel pour retrouver toutes les scènes iconiques du western. Quelques détails contribuent à renforcer le « réalisme » du film, avec les scalps accrochés aux chevaux, ou les soins à base de whisky et de suture à vif.

Le tout fonctionne surtout grâce à son casting : Daniel Craig est fidèle à lui même en grosse brute sans émotion, Sam Rockwell campe un tenancier de saloon crédible mais complètement sous-exploité (bien loin de son rôle pathétique de Justin Hammer dans Iron Man 2), Harrison Ford, toujours aussi charismatique, retrouve enfin un bon rôle de râleur qui lui va comme un gant, Olivia Wilde assure la caution mystère et séduction, et le jeune Paul Dano livre une prestation remarquable en tout début de film, en fils arrogant et fou de Dolarhyde. Une interprétation de qualité, malheureusement gâchée par le peu de profondeur des personnages…

Ce qui empêche le film de dépasser le statut de blockbuster, de divertissement créé pour en prendre plein les mirettes, c’est cette prétention au sérieux. Là où Jon Favreau livrait deux Iron Man pleins d’ironie et de second degré (le personnage s’y prêtait bien aussi, d’accord), Cowboys & Aliens reste désespérément rangé. Pauvre en humour, le film manque énormément de folie, tout reste plat et convenu. Même les scènes de combat manquent d’originalité, alors qu’elles sont plutôt bien filmées (enfin on échappe à une caméra sautillante qui gêne la visibilité), là où tout ne demandait qu’à partir en vrille. Jamais le statut de série Z n’est assumé dans cette production bâtarde, et c’est bien dommage.

Autre déception: la bande sonore. Les thèmes western, classiques, sont agréables à l’écoute, mais dès qu’une scène un brin active commence, on retrouve des musiques sans âme entendues maintes fois déjà. Encore une fois, il aurait été appréciable que le film ose et plaque une tracklist rock sur ces passages, pour dynamiter un ensemble trop convenu.

Ne cherchez pas une quelconque once de profondeur dans ce Cowboys & Aliens: on tient ici le prototype du blockbuster pensé pour divertir, et rien de plus. Un bon moment passé dans les salles obscures, mais pas un grand film, la faute à une réalisation qui se prend trop au sérieux au lieu de virer à la série Z.