Après un Batman : Arkham Asylum remarquable en tout point, et donc assez surprenant d’un point de vue qualitatif tant les précédentes adaptations avaient été bâclées, on pouvait légitimement se demander ce qu’allait devenir la licence : est-ce que Rocksteady allait surfer sur la notoriété du premier titre pour nous pondre une suite sans saveur, copiant-collant la recette de l’original ?
Le jeu ne prend donc plus place sur l’île d’Arkham, comme le titre l’indique, mais place son action dans un pénitencier à ciel ouvert nommé Arkham City dont la construction et l’existence seront un brin détaillé dans le scénario du jeu. Une façon intelligente de rendre le jeu beaucoup moins linéaire que son prédécesseur : au lieu de passer le plus clair de son temps dans des couloirs pour se rendre d’un lieu à un autre, on évolue ici sur plusieurs niveaux, navigant entre les immeubles délabrés et les sous-sols inhospitaliers, multipliant les trajets possibles à coup de grappin, de vols planés et autres piqués . Un peu plus de liberté donc, qui incite à parcourir calmement la zone, et à profiter de tous les déplacements possibles, juste pour le bonheur de regarder les buildings ou de s’amuser à planer. Les rues toujours animées sont aussi un vrai plus, on trouve toujours quelques prisonniers pour un combat afin d’affiner sa technique.
Cette liberté est au service d’un autre ajout sympathique : les quêtes annexes. Les trajets dans Arkham City permettront ainsi de débuter une douzaine de quêtes non essentielles, que ce soit en visitant un bâtiment, en allant parler à un personnage sur un toit, ou en découvrant un cadavre. Une manière classique de rallonger la durée de vie, mais qui est ici particulièrement bien développée : se débloquant au fur et à mesure de l’histoire principale, il y en a toujours une qui permet de lâcher l’avancée tête baissée dans le récit pour insister sur un aspect du jeu : certaines jouent sur le coté exploration/enquête, d’autres sont plus proches du puzzle prise de tête, d’autres encore ont plus un goût de tutoriel caché. Mais ce qui est frappant, c’est qu’aucune n’est du remplissage : toutes sont travaillées, faisant intervenir des personnages forts (plus ou moins mineurs, d’accord) de l’univers DC, aidant à créer une certaine unité dans l’univers dépeint et empêchant tout ennui.
C’est finalement la trame principale qui est « décevante » ( le mot est fort, très fort même, mais s’agissant ici de l’un des seuls défauts du jeu, il me paraît important d’insister dessus). La parcourir en ligne droite ne prendra guère de temps au joueur un peu futé, les grosses difficultés étant très rares. Seuls les combats contre les boss sont parfois un peu plus relevés, mais à peine. Si l’intérêt n’est évidemment pas de finir l’aventure le plus rapidement, l‘ambiance étant le plus bel atout de cet épisode, on regrettera vraiment que l’histoire ne soit pas plus prenante. La difficulté de concilier fan-service en faisant intervenir bon nombre de villains emblématiques et scénario long et haletant était grande, et Rocksteady a eu un peu de mal à gérer cet ensemble. Mais avec un finish vraiment superbe, le jeu laissera quand même quelques bons moments en tête…
Aucune évolution du coté du système de combat par contre. Déjà au point dans le premier épisode, le développeur a choisi de conserver cette formule gagnante. On reste donc avec ce système hyper-dynamique qui permet de changer d’adversaire à la volée en pressant une simple direction avec un bouton, les coups, les esquives et les contres s’enchaînant rapidement avec un peu de tempo et de doigté. Quelques nouveaux combos font bien évidemment leur apparition, visuellement impressionnants d’ailleurs mais rien de vraiment transcendant au final. L’utilisation des gadgets en jeu est un peu moins bien gérée par contre : pas de tutoriel lors du commencement d’une partie, tout se fait pendant la trame principale, où l’utilisation de tel ou tel objet est expliquée lorsqu’on en a besoin pour la première fois. Si cela renforce l’immersion, il est pénible de devoir découvrir comment se servir d’un gadget seul lorsqu’il est nécessaire à la résolution d’une énigme de l’homme mystère alors qu’on n’a pas avancé dans l’histoire. Les cartes de défis, de combat ou de prédation, sont d’ailleurs toujours présentes pour apprendre à gérer tous ces paramètres et devenir parfaitement efficace. Un vrai challenge pour qui voudra les compléter en récoltant toutes les médailles, les campagnes regroupant trois de ces cartes avec un nombre de tentative limité étant particulièrement ardues.
Graphiquement, l’Unreal Engine montre qu’il en a encore dans le ventre. Si la version PC avec PhysX sera encore plus impressionnante, la richesse des environnements est déjà sensationnelle : affichettes, panneaux, décors délabrés et autres matériaux usés, tout est criant de réalisme. Rocksteady s’est d’ailleurs fait plaisir en multipliant les références dans les décors, beaucoup étant aussi le but d’énigmes de l’homme mystère (au nombre de 400!!, débloquant concept-arts et modèles 3D) et le tout est vraiment réussi. Pas un des quartiers de la prison n’a été privilégié au détriment d’un autre, et chaque morceau du décor a été très bien pensé, laissant toute liberté tactique dans ses interventions. Et tomber par hasard sur la Crime Alley au détour d’une mission est, à mon sens, un moment qui risque de bouleverser bon nombre de joueurs…
Le coté sonore est lui aussi au diapason : les compositions musicales sont plaisantes, et bien adaptées à l’ambiance générale. Dommage que le collector ne les ai pas fournies à la place des quelques chansons téléchargeables… En tout cas, l’influence des films se fait clairement sentir dans les mélodies, certains thèmes rappelant les compositions d’Elfman. Les doublages (FR, connaissant déjà la VO, j’ai voulu voir ce qu’ils donnaient) sont plutôt respectueux de ce qui a pu être fait dans les séries animés par exemple, avec encore une fois un grand Joker. Quelques voix (Double-Face, Freeze et Alfred en tête) sont assez particulières, et sonnent un peu bizarrement, mais rien de vraiment dérangeant.
Par contre, petit coup de gueule vis à vis du modèle de vente : prévoir des DLC payants dans le mois qui suit la sortie avec un contenu très moyen (perso + maps de challenges) est déjà vraiment limite, verrouiller la « campagne » de Catwoman avec un Pass solo comme cela se fait déjà avec le contenu multijoueur d’autres jeux, c’est vraiment inadmissible.
Soigné, prenant, les qualificatifs ne manquent pas pour ce nouvel épisode du Dark Knight. Si l’histoire aurait pu être encore meilleure, son ambiance, son superbe ending et sa richesse et font de ce Batman : Arkham City l’un des jeux de cette année 2011.
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Clap Clap, jolie critique 🙂
Si j’avais du temps j’en écrirais aussi une, si j’avais du temps … 😀
J’ai celles de Dark Souls, U3, Assassin’s creed revelations, Rayman, Zelda pour bientôt, je pense que ce sera très difficile.
En tout cas très belle critique 🙂
GOTY ! ^^
La Crime Alley m’a presque ému,ce détail est juste génial.
Pour nous fans, on est aux anges.
Roooh que ca me donne envie !