Un nouveau Eastwood, ça ne laisse jamais indifférent. Après quelques chefs d’oeuvre comme Million Dollar Baby ou Gran Torino, mais restant sur un très dispensable Au delà, le réalisateur américain s’attaque maintenant à l’une des figures majeures de l’Amérique du XXème siècle, J. Edgar Hoover (le premier directeur du FBI), sous la forme d’une biopic. Et le résultat est plutôt bon.
Synopsis (via Allociné): Le film explore la vie publique et privée de l’une des figures les plus puissantes, les plus controversées et les plus énigmatiques du 20e siècle, J. Edgar Hoover. Incarnation du maintien de la loi en Amérique pendant près de cinquante ans, J. Edgar Hoover était à la fois craint et admiré, honni et révéré. Mais, derrière les portes fermées, il cachait des secrets qui auraient pu ruiner son image, sa carrière et sa vie. |
Le film s’attache à présenter Hoover sous toutes ses facettes : celle de l’étoile montante du Département de la Justice qui, carriériste et appliquée au possible, permettra la création du FBI américain ainsi que le développement et l’implication de la science dans la résolution des affaires criminelles; mais aussi celle du fils profondément influencé par sa mère et qui sera bridé et écrasé toute sa vie par ses opinions et décisions, et celle de l’homme colérique et souvent trop excessif. Au moins, la biographie n’est pas subjective et permet de se faire une idée plus nette du personnage, avec ses zones d’ombre et son besoin énorme d’attention.
Mais surtout, Eastwood arrive à parler de certaines choses avec beaucoup de sensibilité : l’homosexualité de Hoover n’est abordée que par petites touches, sans pathos excessif, et l’on comprend parfaitement à quel point sa mère a influencé ses actes, ce désir de se cacher dans une société qui en plus l’aurait laissé de coté. La construction générale du film permet de livrer bon nombre d’anecdotes sans tomber dans un imposant listing, et de mettre en lumière la façon dont J.Edgar s’est approprié toute la gloire de certaines affaires pour contribuer à son « mythe« . Malheureusement, la mise en scène tourne assez vite en rond, alternant les flashbacks de façon presque trop millimétrée, signe que Eastwood n’est pas forcément à l’aise avec les scénarii des autres.
Je n’ai jamais caché mon « désamour » pour Di Caprio, mais je dois bien avouer qu’il est vraiment impressionnant dans tous ses films depuis Aviator. Et ce J.Edgar n’échappe pas à la règle : magnifique me paraît être le seul mot capable de décrire sa prestation tant il est époustouflant dans ce rôle. Que l’on parle de la période années 20 ou de la fin de sa vie, son jeu est vraiment excellent, capable de montrer toute la nuance d’un personnage ambigu. Il est en plus parfaitement crédible sous le masque du vieil Hoover, avec une ressemblance assez étonnante avec l’acteur Philip Seymour Hoffman. Le reste du casting est excellent aussi, de Judi Dench (la M de James Bond, qui risque de surprendre ceux qui ne la connaissait que dans cette série là) à Armie Hammer (les jumeaux Winklevoss de l’excellent The Social Netwok), en passant par une méconnaissable Naomi Watts, il est difficile d’attaquer le film sur ce plan là.
Le film laisse tout de même un gout d’inachevé dans la bouche : si les premières années de Hoover sont parfaitement détaillées, et si ses dernières apparaissent en filigrane tout le long de la narration, il est dommage qu’une bonne partie de sa vie soit passée sous silence, ou en tout cas à peine évoquée. Ce qui complexifie assez inutilement un film déjà bavard et qui fait déjà référence à de nombreuses choses méconnues ici, surchargeant l’ensemble de façon un peu maladroite. Et effectivement, cela risque d’en rebuter certains. De la même façon, une bonne partie du coté politique du personnage n’est même pas esquissée, laissant une sorte de vide dans sa carrière, et déstabilisant le film qui s’attarde parfois trop longuement sur certains points…
D’un coté, J.Edgar est une déception quand on sait de quoi est capable Eastwood. Il est clair que ses meilleurs films restent ceux qu’il écrit lui même, et celui-ci est donc un large cran en dessous de ses plus grands succès. De l’autre, on est tout de même en face d’une biographie réussie malgré sa lenteur, et qui n’hésite pas à faire passer Hoover pour le salaud qu’il était. Au final, on obtient un long-métrage dans lequel on se plonge volontiers pour découvrir la vie d’un personnage majeur mais méconnu chez nous, et le principal est bien là.
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