Retour des chroniques comics (pour quelques volets au moins !) avec le crossover 2005 de chez Marvel, j’ai nommé House of M ( 7 ans déjà qu’il est sorti, j’ai pourtant l’impression que c’est tout proche…).
Puisqu’il ne me semble pas en avoir traité avant, un petit retour sur ce qu’est un crossover : même si le nom est passé dans un langage courant et est largement employé dans le monde des séries télé, du jeu vidéo ou même de la littérature plus classique, ce terme est un peu particulier dans le monde de la bande dessinée américaine : bien évidemment, il s’agit d’une histoire ou d’un arc narratif impliquant des personnages qui habituellement ont leurs propres séries, mais à une échelle très importante, les héros ayant déjà l’habitude d’interférer entre eux dans les histoires plus classiques. Ici, donc, il ne s’agit pas juste d’un ou deux personnages qui se côtoient mais bien d’une réunion exceptionnelle de la quasi-intégralité des héros majeurs de la Maison des Idées. Et à événement exceptionnel, traitement exceptionnel : la plupart des crossovers s’organisent ainsi autour d’une publication spéciale qui raconte l’intrigue principale (souvent l’occasion de voir tous les persos se mettent sur la gueule à un moment ou à un autre…), mais qui a une influence sur TOUTES les autres publications de l’éditeur. Ainsi, toutes les séries principales se retrouvent liées (d’où le nom de tie-in) pendant quelques semaines/mois et racontent cette trame commune, mais vue du coté du personnage dont elles ont le nom, ou content des histoires annexes aux événement principaux.
Revenons donc sur ce House of M, centré (tout du moins au début) sur le personnage de Wanda Maximoff, la Sorcière Rouge. Fille de Magneto et excellente magicienne, celle-ci dispose d’un pouvoir considérable : celui de pouvoir altérer le champ des probabilités. Autrement dit, elle est capable de rendre possible les événements les plus incongrus juste par la volonté. Mais ce pouvoir est tellement puissant et incontrôlable que non seulement il lui arrive très souvent de déclencher des situations non voulues (elle a déjà ressuscité des personnages, ou vécu dans des « hallucinations » qu’elle croyait être la réalité…) mais qui la fait basculer petit à petit dans la folie la plus totale.
L’arc principal d’House of M commence ainsi juste après les événements de Avengers Disassembled, où, dans une crise, elle a assassiné certains membres des illustres Vengeurs. S’ensuit une réunion de la quasi-totalité des super-héros existants, qui a pour but de décider du sort de Wanda. La question est vite réglée, malgré l’avis de certains : il faut la neutraliser, voir l’abattre le plus rapidement possible. Mais l’intervention en Genosha, sa dernière résidence connue, tourne rapidement court puisque personne n’est capable, étonnement, de la localiser… Jusqu’au moment où une drôle de lumière apparaît… Et le monde s’en retrouve changé : plus de X-Men, un Spider-Man dont l’identité est connue de tous et marié à… Gwen Stacy, un Oeil-de-Faucon ressuscité, un Wolverine travaillant pour le SHIELD de ce monde, entièrement dévoué à celui qui le gouverne… Magneto ! Car oui, Magneto a enfin atteint son but : la Maison de M dirige la planète et les méta-humains sont proclamés comme étant supérieurs aux humains « normaux »… Bref, un monde complètement chamboulé et qui pourrait rester en tant que tel. Sauf que Wolverine, lui, se souvient de la « vraie » réalité…
Évacuons tout de suite les ties-in : ils vont du franchement mauvais au très commun, presque sans exception. S’ils présentent les nouvelles destinées de quelques personnages, il est très difficile d’y accrocher vu le manque de qualité et de héros emblématiques : sérieusement, existe-t-il vraiment des gens qui se passionnent pour les Quatre Fantastiques ? Même Iron Man et sa nouvelle armure très Gundam m’a laissé indifférent. Mais si je disais « presque sans exception », c’est parce qu’un seul tie-in est vraiment intéressant : celui de l’Homme Araignée. Un pur moment de bande dessinée qui insiste sur les sentiments du héros plutôt que sur l’action. Déjà passablement perturbé à l’origine, le voir tomber de son piédestal et se rappeler son ancienne existence est un moment très touchant, puisqu’il perd la vie dont il a toujours rêvé pour retrouver petit à petit celle où il doit se cacher et trembler pour ses proches. S’il faut en lire un, c’est celui-ci.
Pour ce qui est de la trame principale, je ne peux que regretter que l’ensemble ne dure que le temps de 8 fascicules. De toute façon, difficile de me décevoir avec une histoire qui lorgne franchement du coté de mes What If adorés. Mais l’histoire de Brian Michael Bendis (Alias, Daredevil…) tient parfaitement la route même sans cet argument, et contentera assez les fans de tous les styles. Malgré un rythme assez particulier (une introduction qui semble durer, durer; une plongée hyper-rapide dans le nouveau monde et un tour des « nouveaux » personnages paradoxalement à la fois bien trop exhaustif et pas assez développé), on sent que tout a été pensé à l’avance mais manque un peu de place pour être traité de façon optimale. Marvel ne s’y est d’ailleurs pas trompé, puisque le monde de House of M sera revu en dehors de cet arc pour des histoires annexes et de véritables What If internes à ce monde.
Au dessin, cocorico, c’est un français qui assure ! Olivier Coipel livre une très jolie partition, et on le sent particulièrement à l’aise sur les « plans larges » et autres décors. Quelques panorama sont vraiment majestueux et donnent une vraie impression de puissance, à l’héliporteur par exemple. Dommage par contre que ses personnages aient des traits parfois caricaturaux, avec des visages bien inexpressifs et des épaules carrément exagérées.
Pour finir, je ne peux que conseiller la lecture de cet arc principal, pour plusieurs raisons : même si il est loin d’être indispensable, surtout en comparaison avec les autres chroniques déjà présentées, ce House of M apporte son lot de fraicheur et une histoire un peu moins portée sur les combats que les habituels crossovers. Sans compter le lot d’événements importants qu’il délivre : Wolverine retrouve (enfin !) la totalité de sa mémoire durant cet arc, ce qui changera pas mal le personnage à l’avenir, un nouveau personnage apparaît… Et comme tout bon crossover qui se respecte, le cliffhanger de fin est non seulement totalement imprévisible et surprenant, mais il aura surtout un impact phénoménal sur la suite du Marvelverse, tout en introduisant une thématique sur ce que doit devenir un héros qui dérape, volontairement ou non, qui sera très vite réintroduite lors du grand événement de la Maison des Idées suivant. Certainement celui que je considère comme le premier crossover réussi et récent de Marvel (ce qui en durera pas, malheureusement), et qui sera l’un des préludes à une gigantesque surprise : la Civil War.
Sans être un must-have, House of M est bien sympathique pour découvrir les crossovers Marvel. Maitrisé de bout en bout, bien qu’assez court et muni de ties-in à la limite du mauvais, il s’achève sur un délicieux rebondissement qui aura son lot de conséquences. A lire pour comprendre ce qu’il apporte aux crossovers suivants, dont le mythique Civil War.
Un gros morceau que ce cross over ! J’ai eu l’occasion de le commencer il y a quelques temps mais sans jamais le terminer. Si je peux, je vais essayer de remettre la main dessus et enfin connaître le fin mot de l’histoire 🙂
Personnellement je le trouve vraiment indispensable tant il est important dans la suite de l’univers Marvel. En plus, la qualité est la. Un Must Have, encore plus depuis qu’il a été réédité par Panini a faible prix.