Ding dong, les vacances ont sonné ! Un repos bien mérité qui me permet de me consacrer aux JV mais surtout aux comics ! Même si je suis en pleine lecture de Amère Victoire (et du même coup, je relis Un Long Halloween) chez DC avec mon cher Batounet en héros, il était temps de parler de cette saga dont j’ai déjà annoncé plusieurs fois l’article sans jamais vraiment m’y atteler (procrastination power), l’événement Marvel de 2006 : Civil War ! Attention, des spoilers sont présents surtout en fin d’article, mais lisez-les, ils ne pourront que vous donner envie !
Forcément, celui qui dit super-héros pense forcément aux mythiques affrontements qu’ils livrent contre leurs ennemis attitrés, aux bagarres endiablées en centre-ville ou au milieu des étoiles. Mais on oublie trop souvent que les histoires de justiciers en collants riment aussi avec des luttes bien plus intimes mais toutes aussi dangereuses : les mutants des X-Men ont ainsi toujours été attaqués de toutes parts par des opposants, Sénateur Kelly en tête, qui clamaient leur dangerosité pour l’espèce humaine, Spidey a du vivre avec la pression perpétuelle des média qui ont entravé plus d’une fois son action (merci J. Jonah Jameson), et peu de super-héros n’ont pas eu de problème avec des hommes politiquement bien placés qui réclamaient un contrôle absolu de ces hommes et femmes capables de beaucoup de choses. Et après les événements de House of M (dont j’ai parlé ici), qui ont rappelé à tous que les mutants (et donc que les super-héros de toute sortes ) pouvaient être encore plus puissants que prévu, on sentait que la scission était proche. Mais pas qu’elle arriverait si vite !
C’est dans ce contexte que démarre Civil War : les politiques envisagent de faire passer une loi qui obligerait tous les super-héros à se faire recenser, à livrer leur identité secrète à l’Etat afin d’assumer leurs actions potentiellement dangereuses pour le commun des mortels. Tony Stark, jouant de son nom et de sa relative puissance industrielle, est le premier à vouloir empêcher cette loi d’être votée. Mais lorsqu’une émission de télé-réalité mettant en scène des apprentis costumés, les New Warriors, dérape et que Nitro, un super, déclenche son pouvoir explosif, ravageant une école à Stamford et faisant des centaines de mort, la loi de recensement est activée aussitôt et oblige toute la population de héros à choisir entre se déclarer ouvertement ou à entrer en rébellion… Et ce choix est bien plus compliqué qu’il n’y paraît : faut-il rejoindre Captain America, l’icône adorée des US qui s’est pourtant volontairement mis en opposition à cette loi, ou plutôt se rallier à Iron Man, qui vient de retourner sa veste (son armure ?) pour éviter des prises de décisions plus radicales et devient par là même le chef de file d’un camp qui devra chasser ses ex-amis pour les forcer à se soumettre ???
Forcément, avec un pitch pareil qui promet l‘affrontement volontaire et inévitable des superstars Marvel, difficile de ne pas se jeter sur Civil War, ou du moins sur son arc principal. Et vous auriez une très bonne idée de répondre à vos pulsions ! Car dans l’absolu, ces sept numéros sont une jouissance totale. Combats titanesques, mais aussi une histoire parfaitement maîtrisée de bout en bout. Bien évidemment et comme souvent, 7 fascicules, ça reste un peu court pour livrer une trame très détaillée. Mais Mark Millar fait une fois de plus du très bon boulot, avec ses moments très dynamiques et ses temps plus calmes, où quelques accroches donnent à réfléchir et à se mettre à la place des deux camps. Les états d’âme des protagonistes sont ainsi toujours présents tout au long du récit et donnent envie d’en savoir plus. Bien évidemment, Marvel oblige, l’Ecossais lâche le côté irrévérencieux de ses productions habituelles pour ne garder que le côté bourrin à souhait (mais pas que), vraiment magnifié par le trait de Steve Mc Niven, impérial comme jamais en particulier dans les scènes de combat, donnant un vrai caractère à ces scènes essentielles.
Et pour une fois, un crossover livre un tas de ties-in intéressants, ces histoires annexes qui prennent place pendant les événements de la publication principale, si bien que j’ai englouti la centaine (!!!) de numéros sans aucune lassitude tant toutes les trames se complètent habilement. Bien sur, au niveau qualitatif, le niveau est un brin inégal mais toutes les séries arrivent à livrer un petit quelque chose, une petite idée ou un développement qui fait réfléchir, et qui fait franchement hésiter sur le camp que l’on choisirait si l’on était nous-même impliqué. Et si au final, la grande majorité des lecteurs se rallierait au Cap’, il n’en reste pas moins une histoire qui se détache du manichéisme habituel (bon/méchant), livrant des arguments valables et compréhensibles des deux côtés et qui fera tomber de leur piédestal bon nombre d’icônes de la firme américaine.
Au top niveau de ces ties-ins, on retiendra quand même ceux qui ont pour héros les emblèmes de la marque (oui, parce qu’un arc sur les Héros à Louer ou les New Avengers, c’est pas franchement trippant sur la longueur). Comme toujours Spider-Man pose de sérieuses questions quand à la vie personnelle du héros : d’abord proche de Tony Stark avec qui il développe une relation de père-fils et pour qui il offre son identité aux média (et bon dieu que ce costume d’Iron Spider est classe !), Parker opère un brusque changement de camp plus loin dans l’histoire lorsqu’il se rend compte qu’il met en danger toutes ses relations. Même si la recette commence à être éculée, voir Spidey être si ébranlé mentalement reste toujours un grand moment de BD, avec un personnage attachant et extrêmement perturbé qui doit choisir, comme toujours, entre sa vie de héros et sa famille. L’arc centré sur Wolverine, forcément plus bestial et tranchant, est des plus réussis lui aussi avec une véritable chasse à l’homme, le mutant X traquant Nitro et cherchant à découvrir ce qui se cache réellement derrière l’accident de Stamford. Un arc qui impliquera quelques surprises bienvenues sur un rythme assez élevé et très plaisant. Je pourrais évoquer aussi le court arc Deadpool ou celui des X-Men, mais autant laisser un brin de découverte à ceux qui se lanceront dans l’aventure !
En dehors de la qualité de la saga, il faut aussi évoquer ses retombées énormes sur le Marvelverse ! Devant l’importance de la chose, le cross-over ne pouvait pas rester sans conséquence et elles seront nombreuses à marquer les lecteurs. Bien sur, l’identité de Spider-Man a été révélée au grand public mais c’est finalement quelque chose de mineur par rapport aux autres événements qui découlent de ce conflit. Globalement, c’est l’introduction d’une période de doute qui commence, d’une crise où chacun se méfie de ceux qui étaient quelques mois plus tôt encore ses amis, d’une profonde scission entre des personnes aux idéaux différents qui viennent de comprendre que leurs méthodes étaient trop différentes pour cohabiter. Et si l’un des crossovers suivant a pour nom Dark Reign, ce n’est pas pour rien.
L’établissement de cette loi de recensement est elle aussi déterminante avec sa création de groupes de super par État (le projet Initiative) qui obligera certains opposants à s’exiler ou à rester en rébellion, et la prise de pouvoir de Stark, promu à un poste extrêmement important qui lui assure une puissance encore plus forte malgré son caractère très borderline. Et comme toute guerre, celle-ci a ses pertes de personnages de seconde zone, mais aussi la disparition d’un personnage majeur de Marvel, un vrai traumatisme pour des générations de lecteurs… Le monde est bouleversé, et pourtant, il va falloir vite s’en remettre au vu de ce qui arrive…
Civil War est plus qu’un incontournable, c’est la saga type qui vous donnera envie de lire du comics en vous donnant du fight mais aussi de quoi réfléchir un minimum, qui vous donnera envie de vous enfiler les 120 fascicules de la check-list en une journée pour voir toutes les directions que peut prendre cette idée de base. Une situation de départ merveilleusement exploitée qui ne vous laissera pas indemne, surtout au vu du final explosif et très lourd de conséquences…
Whose side are you on ?
haaaaa !! civil war, voilà bien longtemps que nous n’avons pas eu d’event de cette qualité