Iron Man 3

Terminer une trilogie est toujours un travail très exigeant pour contenter les fans, en particulier lorsque l’on n’est pas le réalisateur des épisodes d’origine. Brett Ratner s’y est d’ailleurs bien cassé les dents avec X-Men : L’affrontement final. Mais lorsqu’il s’agit de conclure la saga Iron Man et de contenter tout le monde, après un premier épisode qui avait surpris bien du monde par son ton, un second qui avait beaucoup déçu, et après que Avengers soit passé par là avec ses scènes d’action démentielles, le travail devient herculéen.

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 Mais avant de parler du film proprement dit, j’ai envie de revenir sur quelques réactions croisées ça et là sur le Net. Le but n’est pas de taper sur certains blogueurs/journalistes (je m’en fous tellement qu je n’ai même pas relevé les noms) qui n’ont pas le même avis que moi, mais bien de mettre en lumière certaines réactions un peu débiles que je ne supporte plus.

La première, et la plus stupide, c’est celle du « je n’ai pas aimé le film parce qu’il est grand public ». Et donc ? Tu es incapable de voir un film et d’en profiter si tu ne peux pas écrire une thèse philosophique ensuite ? Donc au lieu de juste dire que tu n’as pas aimé le film (qui serait le plus simple et le plus compréhensible), il faut forcément que tu t’envoies des fleurs et que tu te places au dessus des autres, pauvres petits humains pas assez intelligents pour comprendre que le film est mauvais ? Oui, un film peut être mauvais, ou décevant, ou ce que vous voulez, mais sortir l’argument « nul car grand public », quand on va voir un film de super-héros MARVEL, et qui plus est l’un des plus adultes sur le marché, ça frôle l’hypocrisie absolue.

Autre réaction qui me surprendra toujours, le « c’était nul, c’était pas comme dans la bande-annonce ». Je suis stupéfait de voir que certaines personnes n’ont toujours pas compris qu’une bande-annonce est une PUBLICITÉ, et que son but est donc de donner envie d’aller voir le film, en gommant un maximum de défaut et en donnant au public ce qu’il veut voir. Alors encore une fois, oui, mille fois oui, c’est chiant de se retrouver face à une BA qui spoile absolument toutes les scènes d’action d’une production, mais rien ne vous oblige à les regarder si vous n’êtes pas capables d’avoir un minimum de recul sur ce que vous venez de voir. Et quand je vois que ce sont ceux qui se sont faits passer pour l’élite cinématographique quelques lignes plus haut qui pleurnichent parce que « ça manquait de scènes d’action, la BA m’a trompé », je suis très près du Facepalm…

Enfin bref, parlons un peu du film, ce sera certainement plus intéressant.

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Synopsis (via Allociné):

Tony Stark, l’industriel flamboyant qui est aussi Iron Man, est confronté cette fois à un ennemi qui va attaquer sur tous les fronts. Lorsque son univers personnel est détruit, Stark se lance dans une quête acharnée pour retrouver les coupables.

Plus que jamais, son courage va être mis à l’épreuve, à chaque instant. Dos au mur, il ne peut plus compter que sur ses inventions, son ingéniosité, et son instinct pour protéger ses proches. Alors qu’il se jette dans la bataille, Stark va enfin découvrir la réponse à la question qui le hante secrètement depuis si longtemps : est-ce l’homme qui fait le costume ou bien le costume qui fait l’homme ?

 

Dès le début de la production, et encore plus une fois le changement de réalisateur acté, Iron Man 3 a été présenté comme un « thriller technologique ». Une appellation un peu casse-gueule qui signifie tout et rien à la fois et qui pouvait laisser présager le pire. En tout cas, difficile de renier que le résultat est bien différent de ce que l’on a l’habitude de voir chez Marvel Studios. La formule est d’ailleurs tout à fait compréhensible dès que l’on voit le nom du réalisateur : Shane Black. Ce nom ne vous dit peut-être pas grand chose, mais c’est celui du scénariste des deux premiers « L’arme fatale », ainsi que le réalisateur du fabuleux « Kiss Kiss Bang Bang » déjà avec Downey Jr. Et cela se sent.

Cet Iron Man 3 est effectivement plutôt éloigné du film de super-héros comme on l’entend d’habitude : l’armure passe largement au second plan et la production s’intéresse bien plus au personnage de Stark, qui affronte « à mains nues » le Mandarin et la nouvelle technologie Extremis pendant la majorité du film. Sans atteindre la densité d’un Dark Knight Rises qui multipliait les angles de vue dans sa narration de l’histoire, cela fait plaisir de retrouver un traitement et un scénario plus « adultes » qui parlent de terrorisme, de biotech et un film qui ose visuellement des choses moins accessibles au jeune public (silhouettes digne de l’après Hiroshima sur les murs, démembrements, régénérations…). L’humour n’est pourtant pas en reste non plus : difficile de s’affranchir de ce qui a fait l’unanimité chez les fans, c’est à dire de l’interprétation fantastique de Downey Jr pour qui ce personnage semble avoir été créé et de ses sarcasmes. Néanmoins, c’est un peu ici que le bat blesse : si l’ironie et le second degré dont fait preuve Stark permet de désamorcer certaines situations (la salle était hilare lors de certains moments), c’est le registre choisi qui choque un peu, trop bas du front pour s’intégrer parfaitement dans l’aventure. Rien de déplaisant non plus hein, mais le film laisse un peu l’impression de ne pas toujours savoir sur quel pied danser, du moins pas aussi bien que les films susnommés de Black. Même si la cohérence n’est pas toujours au mieux, le spectateur y gagne toutefois en surprise, ce qui n’est pas un mal. Quelques heures après la projection, le parallèle avec un épisode de McGyver survitaminé m’est apparu, avec un héros bricolo qui se construit ses gadgets, un brin d’humour potache et une aventure seul contre tous… Bon, la comparaison vaut ce qu’elle vaut…

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Cela ne veut pas dire non plus que l’action pure et dure est absente du film : si le nombre de séquences est plus réduit qu’à l’accoutumé (quoique… en tout cas, c’est la première impression que j’ai eue), il faut avouer qu’elles sont très bien réalisées : dynamiques, denses, difficile de lâcher l’écran des yeux. La scène finale est d’ailleurs une excellente preuve du fait qu’il est possible de sublimer un film assez tranquille dans l’ensemble grâce à une séquence maîtrisée de bout en bout qui laisse une jolie impression en bouche. Mais chuuut, je n’en dirai pas plus. La déception vient surtout de l’opposition présentée à l’homme de fer : si les têtes connues assurent, les sous-fifres que sont les soldats Extremis peinent à convaincre. Disons que leur présence n’aurait rien eu de choquant dans une saga type X-Men, mais que face à Iron Man, et malgré des pouvoirs particulièrement gênants pour le super-héro, ces mutants font un peu tache après les technologiques Iron Monger et Ivan Vanko. Heureusement qu’ils ne servent pas que de chair à canon…

Finalement, le film présente une recette plaisante, mais qui aurait peut-être due être appliquée à un reboot pour s’affranchir du one man show Downey Jr et jouer à fond la carte du film noir. Il n’empêche qu’après un moment de flottement, la recette prend bien.

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Un mot sur le casting : malgré un Downey Jr en roue libre qui fait son show durant tout le film, les seconds rôles assurent aussi leur boulot. C’est un bonheur de voir que Happy Hogan (Jon Favreau, réalisateur des deux premiers opus) a droit ici à une présence un peu plus héroïque que dans les épisodes précédents et que Pepper Potts (Gwyneth Paltrow) se retrouve un peu plus concernée par l’intrigue, montrant de jolies choses dans l’ensemble malgré son côté pleurniche. Difficile toutefois d’éclipser les deux villains du film : avec son style très BradPittesque, Guy Pearce livre une prestation très correcte, bien loin de l’apocalyptique Lock Out, même si le surjeu (cette première scène…) n’est jamais très loin. Ben Kingsley, lui, est parfait pour le rôle du Mandarin « classique » et en surprendra plus d’un dans ce registre.  A ce sujet, les fans de Marvel devraient être assez perturbés par les choix faits, qui, sans bafouer totalement la version papier, réservent de grosses surprises aux connaisseurs. Il est toujours amusant toutefois de repérer l’éternel caméo de Stan Lee, la scène d’après générique bien WTF, ou les références disséminées par ci par là (AIM qui pourrait peut-être amener le personnage de MODOK dans l’univers ciné de Marvel, une armure Silver Centurion d’un côté, une armure Hulkbuster de l’autre).

Dommage que le score ne transcende pas le film, avec des thèmes qui s’oublient rapidement et n’atteignent jamais la virtuosité de celui d’Avengers. D’un point de vue plus rock, l’absence d’une piste d’AC-DC à la tracklist, pourtant fil rouge des deux premiers Iron Man, se fait aussi sentir. S’il n’était pas évident d’en caser une vu l’angle scénaristique choisi, un petit riff, ne serait-ce que dans le générique final, aurait fait un heureux.

Surprenant dans la forme, cet Iron Man 3 cache tout de même une chouette conclusion à la saga, même s’il n’arrive pas au niveau du tout premier opus. Mais pour un divertissement efficace qui va chercher un peu plus loin que les habituels productions Marvel, perso, je signe tout de suite, et plutôt deux fois qu’une.